Fanzine 442eme RUE Februar 2016
Bill Haley & His Comets See You Later Alligator (10inch LP)
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Bill HALEY e seus COMETAS : See you later, alligator e outros successos (LP, Bear Family Productions)
A la fin des années 50, le rock'n'roll se propage comme une traînée de poudre à travers le monde entier. Peu de pays échappent à l'épidémie, à part, peut-être, les dictatures les plus intégristes,
et encore. Aux Etats-Unis, les pionniers sortent essentiellement
des singles (78 tours puis 45 tours) et peu d'albums. Et quand ils sortent des LP, ce sont souvent des compilations de succès parfois augmentés de rares inédits. Dans ces conditions, les autres pays vont eux-mêmes concocter des compilations spécifiques aux marchés locaux. Là encore, ces compilations sont articulées autour de quelques succès emblématiques auxquels on adjoint des titres moins connus. Ce disque, en format 25 cm et en vinyl rouge, pour coller à la couleur dominante de la pochette, est la réédition, par le label allemand Bear Family, d'un album paru en 1957 au Brésil sur la branche locale de la multinationale Decca. L'album original contenait 8 titres, le plus célèbre d'entre eux étant l'un des plus gros succès de Bill Haley, "See you later, alligator", enregistré le 12 décembre 1955. La face A de ce 25cm est d'ailleurs dévolue à d'autres titres de cette année 55, dont un autre beau succès du rocker de Philadelphie, sa reprise du traditionnel "When the saints go marchin' in" devenu "The saint rock'n'roll", ainsi que "The paper boy" et "R.O.C.K". Pour ce qui est de la face B, elle s'intéresse à des morceaux enregistrés en 56, l'instrumental "Rudy's rock", qui met en vedette le saxophoniste Rudy Pompilli, l'un des fers de lance de la deuxième formation des Comets, montée après le clash de 55, "Blue comet blues", signé du guitariste Franny Beecher et du contrebassiste Al Rex, ce dernier étant devenu membre des Comets après avoir fait partie de la toute première formation des Saddlemen, le premier groupe country de Bill Haley, "Rip it up", le reprise du classique de Little Richard, et "Teenager's mother". Pour faire bonne mesure, et parce que 8 titres, même pour un 25 cm, ça fait un peu chiche, Bear Family y a ajouté 2 bonus, "Two hound dogs" en face A (55 évidemment) et "Hide and seek" en face B (56 donc), une reprise de Big Joe Turner exceptionnellement chantée par Billy Williamson, le joueur de pedal-steel guitar des Comets, présent dans le groupe depuis sa formation en 52, et même depuis 49 puisqu'il était déjà là à la formation des Saddlemen. Le style de Bill Haley est un savant mélange de rhythm'n'blues et de country, avec la prééminence du saxophone sur la guitare, celle-ci étant surtout dédiée à la rythmique, et le prédominance de la contrebasse slappée. Le rock'n'roll de Bill Haley n'a pas grand-chose à voir avec
le rockabilly d'Elvis Presley. Il est clairement destiné à la danse et
au spectacle. Sur scène, ce n'est même pas Bill Haley qui se met en avant, laissant la vedette au saxophone (Joey Ambrose puis Rudy Pompilli) et à la contrebasse (Marshall Lytle puis Al Rex) qui rivalisent d'acrobaties avec leurs instruments, Haley ne venant sur le devant
de la scène que pour chanter, se mettant en retrait le reste du temps pour assurer la rythmique avec sa guitare, ne prenant quasiment jamais de solo, il laisse ce soin à la pedal-steel guitar, héritage de ses première années country. En matière instrumentale, les Comets sont tous des techniciens hors pair, ils sont clairement parmi les meilleurs musiciens des débuts du rock'n'roll, ce qui transparaît sur disque. Celui-ci en est un témoignage parmi d'autres. Saluons l'initiative originale de Bear Family de le rééditer à l'identique, avec la pochette kitch d'époque, même si on peut être étonné par le choix d'un disque brésilien et pas américain, ou anglais, ou allemand, ce qui aurait semblé plus logique en la circonstance. Mais on ne va pas bouder son plaisir.